Excès de vitesse en récidive, conduite sans permis ou sans assurance à répétition, conduite sous l’emprise de l’alcool ou de stupéfiants, refus d’obtempérer, délit de fuite, blessures et homicides involontaires (près de 1 500 par an sur tout le territoire), deux fois par semaine, une dizaine de prévenus défilent à la barre de la 5e chambre correctionnelle de la cour d’appel d’Aix-en-Provence.
Dans les affaires de surendettement,, la justice sanctionne, condamne ou indemnise, mais elle peut être parfois une main tendue à des personnes en grande difficulté. Les équipes de "Justice en France" se sont installées au Tribunal de Cagnes-sur-Mer, loin des dorures de la Cour de Cassation. Ici, ce sont des justiciables qui sont dans l'impossibilité de payer leurs dettes : factures impayées, arriérés de loyers ou d'impôts, crédits immobiliers ou à la consommation non honorés. Ces personnes attendent de la justice qu'elle les sortent de cet engrenage de surendettement. Des audiences qui sont autant de reflets de la société contemporaine.
Contrairement à une idée reçue, tous les procès ne sont pas publics. Cet épisode permet de suivre des audiences de la justice au quotidien, à laquelle chaque citoyen peut être confronté un jour ou l'autre. Rendez-vous au Tribunal des Affaires familiales de Grasse. Une fois par mois, juges, procureurs, avocats se retrouvent en chambre du conseil pour examiner plus d'une dizaine de dossiers : filiation, contestation de paternité, changement d'état civil, adoption, autorité parentale : les justiciables ont, en général, longtemps attendu avant que cette audience arrive. Ils devront attendre encore quelques semaines avant d'avoir la décision des magistrats.
À la cour d'assises du Nord, à Douai, deux jeunes hommes sont accusés du meurtre d'un de leurs amis, à la fin d'une soirée lors d'un week-end qui devait être banal. La cour d'assises a trois jours pour juger l'incompréhensible : roué de coups, un jeune homme de 26 ans est mort, au petit matin, dans la rue, sans jamais avoir pu se défendre. Dans le box, les accusés affirment qu'ils n'ont jamais voulu le tuer. Mais ils l'admettent : c'était de la violence gratuite. A la Cour d'assises, tout doit être dit, le pire comme le meilleur.
Au tribunal de police, on ne juge que les infractions les moins graves, qui sont en général punies par des amendes. Et pourtant, pour ceux qui les subissent ou qui les commettent, c'est toujours l'histoire d'un moment qui échappe, qui bouleverse, qui blesse. A Meaux, devant la Présidente, on argumente, on tente d'expliquer - parfois avec l'énergie du désespoir et de la honte - pourquoi on a rayé la voiture de sa voisine ou bousculé sa propriétaire, débordé par une colère inexplicable. Des moments de vies qui laissent des traces indélébiles chez ceux qui se retrouvent au prétoire.
On en parle peu. On ne les voit jamais. Mais tous ceux qui ont été condamnés, à des peines de prison notamment, ont affaire à eux : ce sont les juges d'application des peines. Ils ont le pouvoir de décider comment leur condamnation va être exécutée. Prison ? Bracelets électroniques ? Libération conditionnelle ? Remise de peine ? Leur responsabilité est immense, leurs décisions engagent la réinsertion des détenus, et peuvent avoir des conséquences pour la société s'ils évaluent mal les situations qu'ils ont à juger. A Béthune, un juge d'application des peines a accepté d'être filmé pour expliquer comment il rend la justice au quotidien.
Cette émission spéciale de la rentrée propose un entretien exceptionnel avec le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti. A travers des extraits d'audiences, pénales ou civiles, filmées dans la France entière, et emblématiques de la justice du quotidien, Eric Dupond-Moretti, explique, un peu plus d'un an après la mise en application de la loi pour la confiance dans l'institution judiciaire, ce qui a changé. La confiance est-elle rétablie ? Souvent incomprise, jugée distante ou intimidante, la justice est régulièrement accusée de manquer de transparence, de ne pas être suffisamment compréhensible, de ne pas jouer son rôle essentiel au sein de la société. Extraits à l'appui, le garde des Sceaux évoque différentes thématiques.
Ce procès d'assises, tourné à Saint-Omer, est d'une intensité particulièrement forte. D'abord parce que la victime est un bébé de moins de 13 mois. Ensuite parce que l'accusée n'est autre que sa mère, qui conteste les faits qui lui sont reprochés. Enfin parce que, derrière la qualification criminelle retenue par la justice, "violences volontaires sur un mineur ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente", se cache ce que l'on appelle "le syndrome du bébé secoué". Selon la Haute Autorité de la Santé, on dénombre chaque année une centaine de nourrissons victimes de ce traumatisme crânien non accidentel. Les neuf jurés et les trois magistrats professionnels de cette cour d'assises du Pas-de-Calais ont à se prononcer sur la culpabilité d'une mère, déjà condamnée en première instance à huit ans d'emprisonnement.
«Justice en France» est cette semaine au tribunal judiciaire de Valence. Nos équipes ont eu l'autorisation de filmer une audience exceptionnelle : l'ARA, audience de règlement amiable. Une nouveauté dans le paysage de la justice française, dont le but est de la rendre plus rapide et plus efficace. Une procédure inspirée du modèle canadien et anglais qui utilise «le règlement amiable» de manière courante. L'audience présidée par un juge se déroule en présence des deux parties qui veulent régler un conflit, et ce en une journée. Lors de la première étape, le juge entend les justiciables et, avec eux, tente de trouver un accord.
Si depuis quinze ans, les condamnations pour conduite en état d'ivresse sont en diminution, il n'en est pas de même pour les conduites sous l'emprise de stupéfiants. Dans le même temps, le chiffre a été multiplié par près de 20 %. L'alcool et la drogue sont une des trois causes principales dans les accidents mortels de la circulation. A tel point que le gouvernement a décidé de créer un nouveau délit : l'homicide routier. Chaque jour, la justice juge des personnes poursuivies pour conduite en état d'ivresse ou sous l'emprise de stupéfiants, absence de permis de conduire ou d'assurance, délit de fuite, refus d'obtempérer.
Au tribunal judiciaire de Grasse, nous avons filmé une juge aux affaires familiales. D'abord, dans son cabinet, un bureau où défilent les couples en instance de divorce. Les époux se déchirent parfois sur les mesures qui doivent être prises concernant l'argent et la garde des enfants. La juge écoute leur malaise, leur haine parfois, leurs désaccords profonds. Elle seule doit décider de ce que sera désormais leur avenir. Puis, lors d'une seconde audience, cette fois en Chambre du Conseil, une salle de tribunal où les débats ne sont pas publics, Justice en France a filmé la magistrate qui fait face à des dossiers d'adoption, de reconnaissance de paternité ou encore de changement de sexe. Ce que l'on appelle plus communément les problématiques de la filiation. Une justice du quotidien à laquelle chacun d'entre nous peut, un jour, avoir à faire.
Les comparutions immédiates sont rarement filmées. Au tribunal judiciaire de Rennes, après 48 heures en garde à vue, deux hommes accusés de vol et de violences sont amenés, sans délai, devant le tribunal pour y être jugés. Ils contestent tout ce qui leur est reproché. Ils sont pourtant mis en cause par les victimes. Considérant qu'il a assez d'éléments à charge, le procureur a décidé qu'ils seront jugés en audience de comparution immédiate, c'est-à-dire le plus rapidement possible. Seront-ils condamnés ou relaxés ? L'enquête menée en quelques heures convaincra-t-elle les magistrats de la culpabilité des prévenus ?
" Une peine prononcée n'est pas forcément exécutée ". C'est un reproche régulièrement adressé à la Justice. Qu'en est-il réellement ? Un tiers des personnes condamnées exécutent leur peine après leur condamnation. Ce sont les auteurs des crimes et des délits les plus graves. Pour les courtes peines de prison ferme, certaines sont aménageables. Autrement dit, le droit propose une alternative à l'incarcération. Découverte de la réalité de ces alternatives grâce à une audience à Lisieux du juge d'application des peines. Trois dossiers qui illustrent parfaitement la difficulté que rencontre la juge pour aménager les peines, face à des personnes qui semblent ne pas prendre la mesure de la gravité de leurs actes.
Dans le box des accusés, deux hommes suspectés d'être les petites mains d'un trafic de stupéfiants. Ils ont été interpellés en flagrant délit par une brigade de police et placés en garde à vue. Ils sont jugés en comparution immédiate. Autrement dit, une procédure d'urgence. L'audience se déroule au tribunal judiciaire de Marseille. Une ville confrontée à une nette augmentation de règlement de comptes sur fonds de trafics de drogue. Certains magistrats la définissent même comme une "narcoville". Les caméras de "Justice en France" étaient présentes lors de cette procédure de traitement des infractions en temps réel, qui a pour objectif de donner une réponse pénale le plus rapidement possible.
Dans le bureau d'un juge aux affaires familiales, au tribunal judiciaire de Beauvais. se déroule une audience exceptionnelle, très rarement filmée. Ce juge, seul, est accompagné d'une greffière. Il prend des décisions essentielles pour des couples qui se séparent mais aussi pour leurs enfants. Des enfants absents de l'audience mais toujours au centre des débats. Qui doit en avoir la garde ? Comment définir le droit de visite ? A qui revient l'autorité parentale ? Comment évaluer la pension alimentaire ? Face à des parents en crise, en perdition, le juge aux affaires familiales doit non seulement avoir des connaissances juridiques mais aussi de très solides qualités humaines, car, face à lui, des couples souffrent.
Souvent, un procès oppose des personnes qui se regardent à peine. Seuls les reproches, l'angoisse et le chagrin sont entendus. Cette fois, les deux parties en conflit sont face à face, assises à la même table, comme pour signer un accord de paix. A leur côté, une juge qui n'a pas revêtu sa robe de magistrate : son rôle est les aider à trouver une solution pour mettre fin à une procédure qui n'a que trop duré. Cette audience de règlement amiable est une nouveauté dans le droit français. Elle a été mise en place en novembre 2023. Elle concerne des petits litiges. Un différent financier entre des propriétaires et leur syndic ou un problème de voisinage, par exemple : une nouvelle justice, plus rapide et plus proche des justiciables.