Le plus important est celui de Cai Rang. Au fil des années, le marché a créé sa propre culture et ses règles – une microsociété aujourd'hui confrontée aux mutations économiques et à la concurrence du transport routier. Aux côtés de l’écrivain Nhâm Van Hung, né sur les rives du fleuve, cet épisode part à la rencontre de figures du lieu : May Thao, qui à la mort de son mari a décidé de vendre du café pour subvenir aux besoins des siens, ou encore Tran Van Thai, qui s’est spécialisé avec sa femme Nga dans la vente de patates douces. Alors que sa famille est établie sur le Mékong depuis des générations, ce dernier s’interroge sur la pérennité de son commerce et de son mode de vie.
Sur les rives du lac Titicaca, dans la ville de Puno, à 3 800 mètres d'altitude, se tient chaque année le marché insolite des... souhaits ! Une centaine de commerçants y proposent à la vente des amulettes appelés "alasitas". Acheter une "alasita", c'est formuler le vœu d'obtenir dans l'année qui suit l'objet convoité, le mariage tant attendu, la prospérité espérée...
Ces marchandes aguerries sont les héritières des "Nana Benz" : des prodiges du commerce qui ont amassé dans les années 1970 des fortunes considérables, et dont le succès a révolutionné l'image de la femme africaine. Mais à Dantokpa, l'âge d'or est terminé : fragilisé par les difficultés économiques et la rude concurrence des contrefaçons chinoises, le marché vacille. Marthe et ses consœurs se battent pourtant pour faire vivre l'héritage de ces tissus devenus des emblèmes des cultures ouest-africaines. Aux côtés de Guy Kokou Missodey, professeur de lettres et spécialiste de l’usage du pagne, elles décryptent l'histoire complexe du wax – intimement liée à celle... des Pays-Bas – et les messages cachés dans certains de leurs motifs.
Il y a encore quelques années, personne ou presque ne s’arrêtait à Skun, ville modeste du Cambodge traversée par une voie rapide. Mais depuis qu’on y sert des mygales grillées, son marché, à l’origine petite aire de repos en bordure de nationale, est devenu célèbre dans tout le pays. Seule marchande à y cuisiner sur place, Mme Ran fait frire les araignées et quantité d’autres insectes dans d’immenses bassines. Pour se démarquer de la concurrence, une autre exposante propose ses mets directement dans les files de voitures. Dans la province voisine, un chasseur de mygales s’inquiète de la disparition progressive des araignées, victimes de la demande et de la déforestation. La raréfaction de l’espèce fait grimper les prix, sans tuer le commerce pour l’instant.
Près de l'immense port de Busan, Jagalchi est le plus grand marché aux poissons de Corée du Sud. Comme leurs voisins japonais, les Coréens vouent un culte à la mer et à ses trésors, qui constituent une part très importante de leur nourriture quotidienne. On y trouve une grande variété de poissons vivants ou séchés, de poulpes, d’algues, de mollusques et de crustacés. Sur ce marché, ce sont les femmes qui vendent les denrées : les célèbres "Jagalchi Ajimme", ou "dames de Jagalchi", devenues un symbole de la reconstruction fulgurante du pays. Mais leur travail est si harassant que leur relève est loin d'être assurée...
Sur l'île indonésienne de Sumatra, dans la ville moyenne de Bukittinggi, le marché Pasar Bawah concentre la plus grande diversité d’épices du pays. Noix de muscade, cardamome, cannelle, coriandre, poivres, gingembre, piments rouges et verts… garnissent la centaine d’étals, dans un puissant mélange de couleurs et d’odeurs. Plus d’un millier de clients s’y pressent chaque jour pour acheter de quoi assaisonner leurs plats, se soigner, certaines épices ayant des vertus thérapeutiques, ou encore pour déjeuner dans l’un des kiosques de street food.
À quelques kilomètres de Madurai, la productrice Rajeshwari procède à la cueillette au lever du soleil, avant de foncer au marché pour vendre sa récolte. Les grossistes, à l’instar de Thirumurugan, fixent le prix du jasmin heure par heure, en fonction du volume des livraisons et des variations de la demande. Après avoir négocié avec ces derniers, Tamil Selvi s’attelle à la confection de colliers, qui serviront d’offrandes, de porte-bonheur ou d’ornements pour les cheveux. Dans leur modeste maison, son mari, lui, compose d’imposantes guirlandes de cérémonie, perpétuant un savoir-faire hérité de son père.
Depuis plusieurs générations, la famille Xtuc Dominguez confectionne sur de vieux métiers à tisser des huipils, des blouses traditionnelles portées par les femmes, dont certaines pièces se vendent très cher. Madeline, de son côté, fabrique dans son atelier des statues de Maximón, une divinité hybride, mélange de croyances mayas et de foi catholique. Au centre du marché trône le restaurant de Maria Teresa et sa fille, où les vendeurs se retrouvent le midi pour déguster des plats traditionnels.
Dans la périphérie de Nouakchott, la capitale de la Mauritanie, se tient chaque jour le plus grand marché aux dromadaires d'Afrique de l'Ouest. Des centaines de bêtes y arrivent par camion au petit matin pour être vendues au plus offrant. Isselmou y sélectionne des camélidés pour ses courses de dromadaires, un sport très populaire dans le pays. Soudés, les vendeurs du marché, comme Shérif et Lagdhaf, se retrouvent tous les midis pour parler affaire, boire du thé et déguster des tajines ou du couscous à base de dromadaire. Autrefois utilisé pour le transport des hommes et des marchandises, l’animal, supplanté par la voiture, est désormais surtout prisé pour sa viande et son lait d’excellente qualité.
Dans le cœur historique de Mexico, le "marché aux sorcières" de Sonora illustre le foisonnement de la spiritualité mexicaine, entre ferveur catholique et permanence des croyances préhispaniques. On y vend des amulettes, des bougies et toutes sortes d’objets ésotériques et de services (cartomancie, purifications…). Karina, l’une des figures les plus connues du lieu, pratique la magie blanche, tandis que sa sœur Santa, qui se revendique "sorcière noire", jette des sorts à la demande. Le marché s’anime tout particulièrement début novembre, au moment de la fête des morts. Leonardo fabrique des squelettes en papier et en carton pour ses nombreux clients. Alejandra, de son côté, part acheter des fleurs de cempasúchil, des roses d’Inde odorantes qu'elle placera sur un autel afin d'entrer en contact avec sa grand-mère décédée.