Les paysans ne doivent pas savoir. S’ils savaient lire ou écrire ils pourraient contester les titres des dominants et l’autorité de l’Église, comme le meunier italien Menocchio, déclaré hérétique et brûlé vif en 1600. Les savoirs paysans sont tout aussi suspects. On traque les paysannes-sorcières, souvent de simples rebouteuses, accusées d’adorer Satan et brulées par milliers. Au seuil des temps modernes, au nom du progrès et de la rentabilité, les dominants lancent l’offensive contre les anciennes solidarités villageoises. L’Angleterre donne l’exemple en privatisant les terres communales. Privant les paysans d’une ressource indispensable elle les condamne à disparaître. La France suit un autre chemin. Restée majoritaire, sa paysannerie joue un rôle majeur et méconnu dans la Révolution qui met fin en 1789 à mille ans de régime féodal.