Hiver 1914. La Grande Guerre s'enlise dans les tranchées. Pour le maréchal Joffre, "l'aviation n'est plus uniquement un outil de reconnaissance. Sa mission, désormais, est de détruire l'aviation ennemie". Des centaines de jeunes pilotes s'apprêtent à défendre leur patrie et à assouvir leur soif d'aventure. Mais les débuts sont partout laborieux : l'Allemand von Richthofen et le Français Guynemer sont d'abord jugés trop chétifs pour voler ; le Britannique Mannock est borgne et doit tricher aux tests d'aptitude visuelle ; l'Allemand Udet est si maladroit et effrayé qu'il en rate ses atterrissages. L'infernale bataille de Verdun, en 1916, fait basculer les hostilités. La maîtrise du ciel devient capitale. L'industrie aéronautique, jusqu'alors balbutiante, se met à produire des avions par centaines. "As des as" contre "Baron rouge", Guynemer et von Richthofen deviennent des héros populaires en multipliant les victoires.
Printemps 1917. La bataille du ciel connaît un tournant majeur : les États-Unis entrent en guerre et les Allemands changent de tactique. C'est la fin des vols en solo et des duels qui ont fait la gloire de Guynemer. Ernst Udet reçoit les éloges du Baron rouge, qui l'intègre à sa célèbre escadrille : "le cirque de Richthofen". Mick Mannock, qui à 29 ans fait figure de doyen, est un leader-né, attentif à ses jeunes équipiers qu'il couvre et protège pendant les combats. Quand ils sont en permission, à Paris ou Berlin, les héros de l'aviation paradent et festoient. Mais ce vedettariat exaspère les soldats des tranchées, dont la presse ne parle jamais. En septembre 1917, Guynemer est abattu. Son corps ne sera jamais retrouvé. René Fonck, qui n'a de cesse de le venger, enchaîne à son tour les victoires et devient le nouvel "as des as" célébré par Clemenceau. C'est lui qui mène la "charge des aviateurs", en 1918, au-dessus de la Somme : une bataille qui disloque l'offensive allemande, réconciliant les poilus avec les aviateurs alliés. Von Richthofen, quant à lui, subit le même sort que Guynemer. Sa mort bouleverse l'opinion allemande.