En dix ans, 200 000 personnes ont été assassinées au Mexique. C'est plus qu'en Irak ou en Afghanistan. Beaucoup de ces victimes sont tombées dans les rues de Ciudad Juarez, tout près de la frontière avec les États-Unis. C'est aujourd'hui la ville la plus dangereuse du monde. Et le bain de sang ne s'arrête jamais. Depuis le début 2018, un millier de personnes y ont encore été tuées. Cause de ces assassinats ? La cocaïne, qui quitte Ciudad Juarez avant de traverser la frontière et d'inonder le marché américain. Pour contrôler ce marché, la concurrence fait rage entre les deux cartels les plus puissants du Mexique : le cartel de Sinaloa, dirigé par « El Chapo » (aujourd'hui emprisonné aux États-Unis) et celui de la Ligna. Enlèvements, règlements de comptes, tortures, exécutions… une guerre sans merci avec plusieurs milliards de dollars à la clé. Notre enquête a commencé à Ciudad Juarez. C'est d'ici qu'une grosse partie de la drogue part pour les États-Unis. Elle traverse la frontière, direction El Paso, au Texas, où elle est stockée quelques jours. La drogue prend ensuite la direction des grandes villes américaines - Los Angeles, Las Vegas et surtout New York - où les trafiquants écoulent plusieurs tonnes de cocaïne chaque année. Pendant plusieurs mois, nos journalistes ont infiltré le cartel de la Ligna et ont pu suivre la route de la cocaïne. Un périple de plusieurs milliers de kilomètres à très hauts risques, filmé en caméra cachée et parfois en caméra ouverte, en compagnie des trafiquants eux-mêmes, notamment des flics ripoux et des pères de famille hors de tout soupçon, mais aussi des acheteurs (revendeurs et consommateurs).