Avec la descente des rapides, encaissés au fond de gorges de plus de 1 500 mètres, on découvre les paysages déchiquetés par l’érosion du Grand Canyon, creusé il y a des millions d’années. Le fleuve finit sa course au milieu des cactus géants du désert de Sonora après avoir servi d’eau potable aux habitants de Los Angeles, Tucson et Las Vegas.
A travers toute l'Afrique de l'ouest, le Niger charrie avec lui ses légendes. Au Mali, il baigne les rivages de Djéné, la cité de terre et de Tombouctou, la perle du désert. De Bamako à Gao, il est pour les uns génie nourricier, pour les autres Reine des Eaux magique et mystérieuse. Mais personne ne manque de rendre hommage au grand pouvoir du fleuve.
Prenant sa source en Angola pour traverser la Namibie jusqu’au Botswana, l’Okavango est un fleuve qui n’atteint jamais la mer, malgré ses 1700 km. C’est dans le désert du Kalahari que l’Okavango termine sa course. Sur cette terre sans dénivelé, il se divise en centaines de canaux semés d’îles et se perd en méandres qui s’étendent à perte de vue, sur 15 000 km2. Mais les eaux de l’Okavango éveillent bien des convoitises. Son delta est aujourd’hui menacé par un projet de barrage visant à permettre l’irrigation des pays voisins. Le bassin de l’Okavango est aujourd’hui un paradis en sursis.
Descendu des flancs de l’Afrique équatoriale, le Nil s’étire sur 6 500km vers la Méditerranée. Nous le rejoignons aux confins de l’Egypte et du Soudan. En accompagnant le fleuve jusqu’aux méandres de son delta, c’est l’histoire de l’une des plus anciennes civilisations de l’humanité qui se déroule sous nos yeux. Aujourd’hui domestiqué, le fleuve fournit au pays son hydroélectricité depuis la construction du barrage d’Assouan. Le Nil, trait d’union entre passé et présent, lien entre les hommes, symbolise pour nombre d’Egyptiens leur patrie elle-même. Car hier comme aujourd’hui, l’Egypte est toujours un « don du Nil ».
Au Venezuela, l’Orénoque ouvre par le plus vaste delta du monde (25 000km2) la porte de l’Amérique Latine. C’est par ce chemin que Christophe Colomb et les conquistadores qui l’ont succédé sont entrés dans le Nouveau Monde, à la recherche de l’Eldorado, la cité mythique aux toits d’or qui devait assurer au royaume d’Espagne la suprématie sur le monde et faire la fortune des conquérants. C’est aujourd’hui sur les rives de ce fleuve que vivent les descendants des survivants des massacres perpétrés par les Espagnols sur le chemin de la conquête. L’Orénoque, route de conquêtes qui aura cependant su protéger les derniers témoins d’un monde disparu.
Le Mékong est l’un des derniers grands fleuves nourriciers du monde. Né sur les hauteurs de l’Himalaya, il serpente dans toute l’Asie du sud, de la Chine au Vietnam, en passant par l’immense lac de Ton Lé Sap, au Cambodge, près d’Angkor Wat, et par les « quatre mille îles » de Si Phan Donh, au Laos. Culture du riz, commerce, pêche, c’est la vie même de ces régions qui dépend du fleuve.