Adrian Maben brosse le portrait de l'homme qui arracha la Chine à sa torpeur moyenâgeuse, mais qui fut aussi l'un des plus grands despotes du XXe siècle. Il y a plus de trente ans, disparaissait Mao. De la Longue Marche au culte posthume, Adrian Maben brosse le portrait de l'homme qui arracha la Chine à sa torpeur moyenâgeuse, mais qui fut aussi l'un des plus grands despotes du XXe siècle. Le 9 septembre 1976, toute la Chine pleure son dirigeant suprême, fondateur en 1949 de la République populaire. Aujourd'hui, trente ans après la mort de Mao, l'affliction a fait place au culte et le "tourisme rouge" est devenu une entreprise prospère. Des milliers de Chinois font chaque année le pèlerinage de Shaoshan, le village où Mao Zedong est né en 1893 dans une famille de petits propriétaires terriens. Ce premier épisode remonte à la fois le temps et le Yang-tseu-kiang pour parcourir les quarante premières années de la vie de Mao, depuis sa naissance jusqu’à sa prise de contrôle totale du Parti communiste chinois (PCC), en 1945.
Destiné à doubler la production d’acier, le "Grand Bond en avant" débouche sur un vaste mouvement de collectivisation qui précipite la Chine dans une terrible famine. Avec la fin de l'occupation japonaise et la victoire définitive sur les nationalistes, Mao entre triomphalement à Pékin et installe son bureau près de la Cité interdite, ancien lieu de résidence des empereurs chinois. Débute alors l’expérience du pouvoir pour un apprenti sorcier qui, entre 1949 et 1959, renforce sa mainmise sur l’empire défunt à coup de campagnes hasardeuses. En 1957, Mao lance les Cent Fleurs, un appel au débat critique sur le fonctionnement du régime qui se transforme vite en épuration "anti-droitiers". Près de 500 000 personnes sont expédiées dans des camps de travail. Mais c'est surtout le Grand Bond en avant, un an plus tard, qui marque les esprits (et les corps). Destiné à doubler la production d’acier, il débouche sur un vaste mouvement de collectivisation qui précipite la Chine dans une terrible famine. Elle fera entre 20 et 30 millions de victimes. Le maoïsme ressemble peu à peu à une machine folle…
Ce troisième épisode, centré sur la Révolution culturelle, fait la part belle aux témoignages d'ex-gardes rouges. Si le premier musée consacré à la Révolution culturelle a récemment ouvert à Chenghai, dans la province du Guangdong, aucun véritable bilan n’a été tiré de ce violent séisme politique. Entre 1966 et 1969, il y aurait eu, selon les sources étrangères, entre 400 000 et 3 millions de décès "non naturels" (suicides, morts suite à des tortures ou une répression militaire…). Le fer de lance de cette vague répressive étaient les gardes rouges, membres des organisations de jeunesse autoproclamés avant-garde de la révolution. "Sans destruction, pas de construction", récitaient-ils, agitant l'indispensable Petit Livre rouge. Ce troisième épisode, centré sur une convulsion censée encourager la jeune génération à mener la guerre contre toutes "les vieilleries", fait la part belle aux témoignages d'ex-gardes rouges. L'un d'eux souligne . Elle a entraîné l’éclatement du carcan des traditions, étape préparatoire à l'avènement de la Chine actuelle. L’image de Mao est sortie presque intacte de cette expérience chaotique, et son pouvoir renforcé…
Entre icône pop et objet de culte, celui qui fut sans doute le dernier empereur de Chine semble encore susciter, auprès de son peuple, "un respect mêlé de crainte et d’admiration"… Redevenu le maître absolu de la Chine au terme de la Révolution culturelle, Mao reçoit, en 1972, la visite historique du président américain Richard Nixon. Mais il se sait malade et la bataille pour sa succession s’amorce entre les pragmatiques (Hua Guofeng, Deng Xiaoping) et les durs du régime, "la bande des quatre" emmenée par l’épouse de Mao, la détestée Jiang Quing. Pour avoir mené la Chine au chaos (référence implicite à la Révolution culturelle), elle sera finalement condamnée par une cour spéciale en octobre 1976. Aujourd'hui, les pragmatiques semblent avoir définitivement gagné la partie. Ce quatrième et ultime volet interroge l’héritage maoïste au sein de la jeune génération. Entre icône pop et objet de culte, celui qui fut sans doute le dernier empereur de Chine semble encore susciter, auprès de son peuple, "un respect mêlé de crainte et d’admiration"…