Retour sur plus de trois cents ans de l'histoire du monde ouvrier européen. Au début du XVIIIe siècle, en Grande-Bretagne, les paysans et tisserands indépendants sont chassés des campagnes avec l’essor de l'industrie textile. Ils sont alors contraints de travailler contre un salaire dans les usines, où ils découvrent un univers radicalement différent, devenant de plus en plus violent avec les années. Peu à peu, naissent des revendications politiques et sociales.
Au milieu du XIXe siècle, la Belgique devient le paradis des capitalistes, seul pays d'Europe continentale à avoir adopté le libéralisme absolu à l'anglaise et le «factory system». De son côté, la révolution industrielle française avance au ralenti, sans grandes usines mais avec de petites fabriques dont les ouvriers travaillent à échelle quasi artisanale. Bientôt, apparaissent puis se propagent toutes les théories socialistes du siècle.
Comprenant, à la fin XIXe siècle, que l'ouvrier fait partie du capital de leur entreprise, certains patrons déduisent qu'il leur faut y prêter attention pour les permettre de rester en état de travailler. Et si la tâche à la chaîne a du mal à s'imposer, rationalisation de la production et techniques de management comme le taylorisme se généralisent après la Première Guerre mondiale malgré la résistance du monde ouvrier.
Le succès du Front populaire en 1936 en France témoigne de la force de la classe ouvrière dans les années 1930. Mais celle-ci est ensuite violemment attaquée par l'Allemagne nazie, qui transforme les ouvriers des pays européens vaincus en des «esclaves du XXe siècle». De nouvelles fractures apparaissent après la Seconde Guerre mondiale.