Chérif, 10 ans, Dimitri, 8 ans, Jonathan, 6 ans, et Dylan, 4 ans, les quatre garçons de la famille Delay sont placés en famille d’accueil suite à différents épisodes de violence de la part de leur père. En sécurité auprès de leur « tata », ils révèlent que leurs parents ainsi que des habitants de la Tour du Renard, à Outreau, abusent régulièrement d’eux. Leurs parents, Myriam Badaoui et Thierry Delay, ainsi que David Delplanque et Aurélie Grenon, leurs voisins de palier, sont arrêtés et mis en examen. Myriam Badaoui avoue les viols et implique d’autres personnes, tandis que les enfants Delay étendent le cercle des victimes.
Les enfants Delay et leur mère parlent d’une ferme en Belgique où des viols en réunion se seraient déroulés. L’instruction s’oriente vers un réseau de pédophilie en lien avec la Belgique. Mais l’enquête sur place ne donne rien. Malgré l’absence de faits matériels, de nouvelles personnes sont arrêtées : Dominique Wiel, prêtre ouvrier et voisin de palier de la famille Delay, Thierry Dausque, ancien ami du couple Delay, mais aussi Alain Marécaux, huissier vivant à Samer, à une vingtaine de kilomètres d’Outreau, et Daniel Legrand, père et fils, soupçonnés d’être à la tête du réseau. Lors des confrontations collectives, ils sont incriminés aussi bien par la mère des enfants que le couple Delplanque-Grenon et les enfants Delay. Tous clament leur innocence, en vain, jusqu’à ce que Daniel Legrand fils décide de faire une déclaration fracassante.
Le 9 janvier 2002, dans une lettre adressée à France 3, Daniel Legrand fils reconnaît les faits et déclare avoir été témoin du meurtre d’une petite fille belge au domicile des Delay. Myriam Badaoui ainsi que deux de ses enfants confirment les faits. Thierry Delay nie. Des fouilles sont organisées mais ne donnent rien. La presse du monde entier accourt à Outreau, en quête d'une nouvelle affaire Dutroux, qui avait défrayé la chronique quelques mois auparavant. Seul un journaliste belge de la RTBF, Georges Huercano-Hidalgo, émet des doutes sur l’instruction du juge Burgaud. Rien n’y fait : en juillet 2003, 17 accusés sont renvoyés devant la cour d’assises pour viols avec acte de barbarie sur une vingtaine d’enfants de 3 à 12 ans.
Le 4 mai 2004, accusés et accusateurs comparaissent devant la cour d’assises réunie à Saint-Omer. Pour les parents mis en détention comme pour les enfants placés, c’est la première fois qu’ils se retrouvent à nouveau réunis, parfois depuis quatre ans. Confrontée à ses enfants et aux personnes qu’elle a accusées, Myriam Badaoui craque et avoue son mensonge : ils n'étaient que quatre à abuser des enfants : elle et son mari, ainsi que Grenon et Delplanque. Par ces quelques phrases, elle met à mal toute l’instruction du juge Burgaud. Plutôt que d’en tirer les conclusions qui s’imposent, la cour décide de condamner, outre les deux couples mis en cause, six des personnes innocentées par Myriam Badaoui. Parmi eux, Thierry Dausque, Daniel Legrand, Alain Marécaux et Dominique Wiel. Il faut attendre un second procès en appel à Paris, quelques mois plus tard, pour que la justice reconnaisse enfin leur innocence, le 1er décembre 2005, cinq ans jour pour jour après les premières déclarations des
Présenté par Julian Bugier