Septembre 1971 : à la centrale de Clairvaux, un gardien et une infirmière sont tués après avoir été pris en otages par les détenus Claude Buffet et Robert Bontems. Robert Badinter partage son temps entre son cabinet d'avocat et la faculté de droit où il enseigne. Un collègue, Philippe Lemaire, lui demande de le rejoindre pour assurer la défense de Bontems, dont le procès va débuter. Pourquoi, alors qu'il ne plaide plus au pénal, va-t-il accepter ? Parce que Bontems risque la peine de mort. Très vite, en étudiant le dossier, Badinter arrive à la conclusion que Buffet seul a tué les deux otages. Il doit le prouver, alors que les deux hommes sont associés dans ce crime. Il s'engage à sauver la tête de son client : on ne tue pas celui qui n'a pas tué. Le procès débute à Troyes dans une atmosphère haineuse : l'administration pénitentiaire, par la mort de l'un de ses gardiens, l'opinion publique, par celle de l'infirmière, amènent l'émotion, relayée par la presse. L'avocat général requiert la peine de mort en affirmant qu'il convient de ne faire aucune différence de traitement entre les deux accusés, constatant leur collaboration permanente. Avec toute la conviction dont il est capable, Badinter martèle qu'on ne condamne pas à mort celui qui ne l'a pas donnée. Il supplie le jury de ne pas associer les deux hommes dans le crime. Buffet et Bontems sont condamnés à la peine capitale. La grâce présidentielle leur est refusée. Les deux hommes seront guillotinés en novembre 1972.
Roger Bontems qui n'avait pas tué, qui n'avait pas de sang sur les mains, a été condamné à mort et exécuté. Robert Badinter l'a accompagné jusqu'au bout, jusqu'au pied de l'échafaud. Désormais il ne veut plus d'une justice qui tue. L'abolition est devenue sa cause. Un combat qui lui vaut lettres d'injures et menaces de mort. En 1976, le rapt et l'assassinat odieux d'un enfant glacent d'horreur la France entière. Leur auteur, Patrick Henry, un jeune homme de 20 ans demande à Badinter d'être son avocat. Ayant reconnu les faits, les choses sont claires, nul doute que la peine de mort soit acquise. Pour Badinter, défendre Patrick Henry signifie retourner à Troyes, revoir ces visages pleins de haine, cette foule qui crie "à mort ! Pourtant, il ne saurait se dérober, il accepte. Au terme d'une plaidoirie où il les adjure, déjouant tous les pronostics, les jurés de la cour d'assises de Troyes votent les circonstances atténuantes. Patrick Henry sauve sa tête. De ce jour, Robert Badinter devient le champion de l'abolition en France. Successivement, cinq condamnés à mort, qui doivent être rejugés en appel, lui demandent de venir les sauver. Par cinq fois, Badinter l'emporte face à la mort en leur évitant la peine capitale. Son seul espoir réside dans l'élection présidentielle. Le candidat de la gauche, François Mitterrand, s'est clairement exprimé en faveur de l'abolition de la peine de mort. Qu'il l'emporte et c'en sera fi ni pour Badinter de son duel avec la mort.