En 2001, le Québec, par l'entremise de la Caisse de dépôt et placement, a investi plus de 3 milliards de dollars dans l'entreprise Quebecor, contribuant à en faire un des plus importants conglomérats médiatiques au Canada. À ceux qui s'inquiétaient alors des risques associés à une concentration accrue de la presse, Quebecor avait promis d'adopter une série de mesures pour préserver la diversité des voix en information. Dix ans plus tard, on parle de Quebecor comme d'un «empire», dont plusieurs dénoncent les pratiques en matière d'éthique journalistique et le comportement commercial agressif. Entre autres, on reproche à l'entreprise, le plus important éditeur de journaux au Canada, de s'être retirée de tous les conseils de presse du pays. Notre reportage démontre comment l'influence de Quebecor peut entraîner une dérive de l'information. Par exemple, lors du reportage, un ancien journaliste des pages culturelles du Journal de Montréal, David Patry, reconnaît avoir modifié des informations factuelles devant l'insistance de ses patrons. Les journalistes du réseau TVA, une autre filiale de Quebecor, se plaignent du même phénomène. Selon les rapports du comité professionnel de l'entreprise, dont l'émission Enquête a pris connaissance, les journalistes parlent de « commande peu subtile », de « patrons trop directifs », d'«interventions de la direction » qui « ordonne » certains choix dans « le contenu des bulletins ». Le comité se demande également si la couverture économique effectuée par la chaîne Argent ne sert pas de «courroie de transmission» pour les intérêts de l'entreprise. Ils déplorent en particulier qu'« on s'en prend toujours aux mêmes cibles ». Les patrons s'en défendent, mais les journalistes notent que certains organismes ou compétiteurs de Quebecor sont « toujours présumés coupables ». L'an dernier, un groupe de travail sur l'état de l'information avait mené des consultations à tra