Après une lutte acharnée contre les bugs, le streaming pousse ses premiers cris en 1995, peu après la naissance du Giec. Les inventeurs du stream fondent beaucoup d’espoirs sur leur créature, sans savoir qu’elle deviendra un monstre. Pour l’heure son empreinte carbone est proche de zéro. Un "stream clean", qui ne le restera pas longtemps. Né il y a trente ans dans un recoin d’Internet, le streaming est devenu la technologie incontournable des années 2020. Dissimulé derrière un jargon marketing aérien, fréquemment associé aux termes "dématérialisation", "virtuel", "cloud", il paraît désincarné alors qu’il nécessite des installations physiques lourdes pour fonctionner : infinité de serveurs, câbles, réseaux, data centers, terminaux, etc. À cause de sa boulimie, cette technologie fait en outre exploser la consommation d’énergie et de matières premières.
L’arrivée de l’ADSL et la mort du téléchargement lui permettent de conquérir le monde à partir de l’an 2000. Le stream décolle, porté par YouTube et l’arrivée du smartphone. Le GIEC alerte sur l’irrémédiable réchauffement climatique, le stream s’en moque. Il provoque l’une des pires catastrophes minières de l’Histoire et va bientôt être aussi polluant que l’automobile.
Devenu hors de contrôle, le stream engloutit aujourd’hui 80% de la bande passante et recrache l’équivalent de 100 millions de tonnes CO2 par an, autant que le République tchèque. La bête cache ses atrocités derrière le concept de “dématérialisation”. Le stream nous ensorcèle, sa consommation électrique explose, ses gisements se tarissent et nous binge-watchons sans sourciller.