On a souvent pris Auto-Tune pour ce qu’il n’est pas. Si ce logiciel permet de corriger numériquement les fausses notes, il n’a rien à voir avec le vocoder ou la talkbox. Pour le comprendre, retour sur le lancement de ce programme avec son créateur, ses premières utilisations avec Teki Latex et la manière dont certains comme PNL l'ont détourné pour créer des nouvelles sonorités.
On accuse le logiciel d’être une béquille pour les chanteurs sans talents, ou on le couvre d’éloge en vantant sa touche synthétique et son esthétique futuriste. De Philippe Manoeuvre à Soprano en passant par Alexandre Astier ou Médine, Auto-Tune divise.
À la fin des années 90, les voix de velours de K-Reen ou Matt Houston étaient sur tous les refrains des hits rap. Aujourd’hui, plus personne n’appelle de chanteurs pour pousser la chansonnette. La faute en partie à Auto-Tune qui a permis aux rappeurs de gagner en autonomie et d’interpréter eux-mêmes leurs refrains.
Comment écrire un hit aujourd’hui ? En donnant aux artistes une assistance mélodique, le logiciel les aide à tester des choses nouvelles et à être plus vulnérables. Pour les jeunes rappeurs comme Uzi, c’est la possibilité de chanter et d’être sur un pied d’égalité avec la pop et la chanson française.
Et si Auto-Tune était une sorte d’espéranto musical ? En proposant des références sonores communes, le logiciel fait tomber la barrière de la langue et rapproche des artistes comme le rappeur allemand Symba, le Marocain Stormy ou le Français Jul. Au point de faciliter les rapprochements musicaux et les passerelles esthétiques d’un pays à l’autre.
Pour eux, Auto-Tune est devenu comme une seconde nature. Les artistes pop de la nouvelle génération comme Lujipeka, Aloïse Sauvage ou Jacques n’ont plus aucun complexe à utiliser le logiciel. Ils expérimentent, poussent les limites du programme ou choisissent de revenir à des sonorités plus brutes et moins retouchées. Faut-il y voir la fin d’une ère ?