Quels sujets aborde-t-on le mercredi matin dans l’enceinte du Conseil ? Qui prend la parole et comment la prend-on ? Qui décide ? Sur le fond, le dispositif n’a pas bougé d’une virgule depuis 1959. Même lieu, même heure chaque semaine, un ordre du jour en trois parties, un président qui déclare : « Adopté ». Car Charles de Gaulle n’a pas seulement inventé la Ve République, il a aussi posé les jalons du Conseil des ministres, en s’attribuant la place centrale. Les présidents successifs, de gauche comme de droite, se sont glissés avec une certaine aisance dans les chaussons du général. Petits ou grands secrets, tous livrent leurs souvenirs, leurs anecdotes sur le Conseil des ministres et montrent comment le formalisme de cette institution réinstalle, une fois par semaine, le président à la place du souverain.
Le Conseil des ministres est le seul moment de la semaine où les membres du gouvernement se retrouvent. Il débute par un non moins traditionnel petit café dans la salle du rez-de-chaussée de l’Elysée qui jouxte le salon Murat. Là, les ministres plaisantent, révisent leur intervention à venir ou se disputent. Une fois le Conseil débuté, les blagues de potache ou les coups fourrés ne s’arrêtent pas pour autant… Une assemblée secrète qui est aussi un lieu de jeux de pouvoir, souvent cruels.
Malgré sa rigueur, malgré son protocole, le salon Murat a traversé tout au long de la Ve République de grands moments de tension, a résonné aussi de coups d’éclat. La démission en plein Conseil de Jacques Chirac en 1976, les délibérations autour du « printemps arabe » de l’équipe gouvernementale de Nicolas Sarkozy, la défaite de Lionel Jospin en 2002, l’unique Conseil où François Mitterrand a demandé l’avis de ses ministres pour les nationalisations en 1981 ou encore le dernier Conseil du général de Gaulle sont autant d’événements qui donnent une lecture inédite de la Ve République.