Entre novembre 1938 et mai 1946, près de 600 000 personnes ont été internées par mesure administrative en France. Non pour un crime ou un délit qu'ils auraient commis, mais pour la seule raison qu'ils étaient censés représenter un danger potentiel pour l'Etat ou pour la société. Des républicains espagnols, des Allemands et des Autrichiens, des communistes français, auxquels s'ajoutèrent sous l'Occupation, des Juifs, déportés bientôt dans le cadre de la solution finale ou des Tsiganes puis, à la Libération, en majorité, des suspects de collaboration mais aussi des trafiquants de marché noir et des civils allemands. Pourtant cette histoire est restée cachée pendant des décennies, comme occultée par la mémoire collective. Comment expliquer cette occultation ? Par l'oubli d'un Vichy français bien sûr, des décennies durant. Par l'incapacité aussi de comprendre qu'avant et après, sous la République et la démocratie, plus de 200 camps d'internement dessinèrent une autre géographie de la France. L'absence jusqu'à ce jour de musée mémorial sur les camps français d'internement témoigne de cette occultation. Un "passé qui ne passe pas" pour reprendre les termes d'Henry Rousso et d'Eric Conan au sujet du régime de Vichy dans son ensemble. La finalisation de deux vastes projets, aux Milles, près d'Aix, et à Rivesaltes, près de Perpignan, sur le site de deux des principaux camps de zone sud, montrent qu'on est entré dans une nouvelle phase. Nous voici passés en quelque sorte de camps sans mémoire à une mémoire sans camps, tant, aujourd'hui, les traces de cet événement majeur de la France des années noires se sont comme estompées. Suivant le principe de l'enquête historienne déjà expérimentée pour la Traque de l'Affiche rouge et Maréchal nous voilà ? Denis Peschanski et Jorge Amat reconstituent le puzzle grâce à des films, photos, archives écrites, objets, dessins et des témoignages très émouvants, autant de docu
Name | Type | Role | |
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Denis Peschanski | Writer | ||
Jorge Amat | Director |