Chercheur inclassable, Edgar Morin, né Edgar Nahoum, apprend à ses contemporains à regarder le monde depuis un demi-siècle. Sociologue, philosophe et écrivain, il reste, à 86 ans, un génial touche-à-tout, connecteur de connaissances. Du Pérou à Ménilmontant, ses pérégrinations, agrémentées d’images d’archives, lui permettent de se confier sur ses vies : celle de résistant, de communiste, d’écologiste… “J’aime beaucoup le côté pré-posthume. Lorsque l’on donne mon nom à quelque chose, c’est comme si, mort, j’étais quand même assez vivant pour contempler ces choses. C’est rare ! Je jouis vivant de choses qui devraient arriver après ma mort. C’est donc très agréable. Je suis animé par un sentiment de solidarité planétaire, comme l’esprit de la vallée qui rassemble toutes les eaux qui se déversent. C’est ce sentiment de foi qui m’a fait faire ce voyage dans les parties de la connaissance, cette façon de montrer comment ces éléments de connaissance séparés peuvent être reliés les uns aux autres. Ces facultés créatrices qui existent dans l’humanité peuvent se réveiller. Ce sont elles qui peuvent produire les métamorphoses. Donc, le paradoxe, c’est que ce qui nous conduit vers l’abîme est en même temps ce qui nous conduit vers le salut. S’il y a une espérance, elle est inséparable de la désespérance dans laquelle elle va naître. (Professeur à Nanterre en mai 1968) J’avais donc cette expérience. Dès qu’il y a eu la première occupation, j’y étais. J’étais un des rares, parce que la presse n’avait aucune antenne dans ces milieux juvéniles. D’ailleurs, ça m’a tout de suite enthousiasmé, car le Mai 68 du début était un mouvement profondément libertaire. (En Californie à la fin des années 60) C’étaient les derniers temps de ce qu’on appelait la contre-culture juvénile. Les hippies avaient vraiment une aspiration à vouloir changer la vie. Ils se rendaient compte
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Jeanne Mascolo de Filippis | Director |