En France, 8,6 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. Quand on survit avec moins de 950 euros par mois, il faut peu de chose pour se retrouver à la rue. Qui sont ces nouveaux SDF qui ressemblent de moins en moins à l'image traditionnelle du sans abri, sale et plus ou moins rongé par l'alcool ? La détresse sociale les a saisis dans une vie jusque-là bien rangée, avec maison et famille. Ils sont souvent à la rue depuis moins d'un an et mettent tout ce qu'ils ont d'énergie à rester bien habillé. Certains continuent même à travailler. Pascal a 46 ans, il dort depuis six mois dans sa voiture, sur les parkings de la ville de Toulouse. Divorcé, ce travailleur intérimaire sur les chantiers vit désormais dehors. Pascal fait partie de ces invisibles qui ressemblent à Monsieur tout le monde et qui cachent leur vie de galère. Il se débrouille pour faire bonne figure devant son employeur. Frédéric, un ancien cadre dans la restauration, est à la rue depuis un mois. Victime de la crise, au chômage, il dort gare d'Austerlitz dans un garage à vélo. Lui aussi se bat pour garder sa dignité et retrouver un toit. À Paris, nous avons également suivi les policiers de la Bapsa, une brigade spécialisée dans l'aide aux SDF. Tunnels, issues de secours, voies ferrées désaffectées : ils nous emmènent dans des endroits inaccessibles où se cachent ces nouveaux sans abris. Parmi eux, Jérémie, 26 ans. Depuis deux ans, il vit dans un endroit insolite à l'abri des regards, à l'intérieur d'un quai de la Seine. Face à ces nouvelles détresses apparaissent aussi de nouvelles formes de solidarité. Depuis quelques mois, des citoyens s'organisent pour venir en aide à ces nouveaux exclus, les nourrir et parfois même les loger.